samedi 18 juin 2016

Alabama Song


Auteur : Gilles Leroy 
Année : 2007 (Prix Goncourt)
Pages : 215

Résumé Alabama, 1918. Quand Zelda, «Belle du Sud», rencontre le lieutenant Scott Fitzgerald, sa vie prend un tournant décisif. Lui s'est juré de devenir écrivain : le succès retentissant de son premier roman lui donne raison. Le couple devient la coqueluche du Tout-New York. Mais Scott et Zelda ne sont encore que des enfants : propulsés dans le feu de la vie mondaine, ils ne tardent pas à se brûler les ailes… Gilles Leroy s'est glissé dans la peau de Zelda, au plus près de ses joies et de ses peines. Pour peindre avec une sensibilité rare le destin de celle qui, cannibalisée par son mari écrivain, dut lutter corps et âme pour exister…





Mon avis : Aimant particulièrement l'oeuvre de Francis Scott Fitzgerald, et ayant un eut un petit aperçu fictif du couple explosif Scott / Zelda dans Minuit à Paris, je ne pouvais pas passer à côté de ce roman !

Malheureusement, le style et la forme ne m'ont pas vraiment convaincu. A l'image du personnage, le tout part un peu dans tous les sens et reste inégal. Disons qu'il faut juste s'y habituer. Mais le rythme, imposé par les pensées vivaces de Zelda, est prenant.
Grâce à ces pensées (fictives certes, mais pas éloignées de la réalité), on découvre la personne assez incroyable qu'a été Zelda Sayre - Fitzgerald. Une jeune fille de belle famille, éhontée, spontanée, à la recherche du scandale et sauvageonne. Une jeune fille libre, qui peu à peu, sous l'influence de Scott, apparaîtra comme un obstacle, une personne excessive et irresponsable qu'il faut enfermer tandis que lui jouit de la liberté d'un être dépravé. Mais "les années 20, c'étaient eux", bien que dans l'inconscient collectif, Zelda continuera de vivre dans l'ombre de son mari. 
Le couple est victime de ses pulsions trop fortes, l'impact de l'amour et de la haine ne cessant de se percuter avec violence. Et l'ensemble du roman suit ce perpétuel mouvement, ces vagues, ces tempêtes que subit le sentiment humain.
On retrouve beaucoup de Gatsby et de Tendre est la nuit à travers ce que raconte Zelda. Elle-même l'avoue : Scott s'est directement inspirée d'elle et de leur situation. Elle apparaît excessive et dénuée d'intégrité comme Daisy, ainsi que riche et déclarée folle comme Nicole (et enfermée en clinique psychiatrique également). Découvrir d'où Scott a puisé son inspiration et comment Zelda a vécu opprimée est très intéressant. Bien sûr tout n'est pas blanc ou noir, nous n'avons là que le point de vue (quasi entièrement fictif) de Zelda.
Sa mort tragique prolonge le mythe.

Pour conclure, je conseillerai ce roman à tous ceux qui ont lu les romans de Fitzgerald et qui aiment l'ambiance qui régnait dans les déroutantes années 20 en Amérique et en France.

"Les ciels d'Alabama, je commence à les connaître : ils sont comme Zelda, brillants puis diluviens puis orageux puis tempétueux et pour finir apocalyptiques." 
♥♥♥♥♥

As-tu lu ce livre ? Qu'en as-tu pensé ? Quelle note lui mettrais-tu ?
                                    Si tu ne l'a pas lu, cela t'en donne-t-il envie ?

vendredi 10 juin 2016

Les raisins de la colère


Auteur : John Steinbeck
Année : 1939
Pages : 639

Résumé : Les raisins de la colère suit les aventures d'une famille pauvre de métayers, les Joad, qui est contrainte de quitter l' Oklahoma à cause de la sécheresse, des difficultés économiques et des bouleversements dans le monde agricole. Alors que la situation est quasiment désespérée, les Joad font route vers la Californie avec des milliers d'autres Okies (habitants de l'Oklahoma), à la recherche d'une terre, de travail et de dignité.






Mon avis : Que dire de plus sur ce chef d'oeuvre qui n'aie pas encore été dit ? 

Steinbeck a la plume saisissante, pleine de réalisme, capable de décrire la beauté comme l'effroyable. En racontant avec une grande justesse le périple de la famille Joad, il ne fait pas que délivrer un simple voyage en quête d'une vie meilleure. Il saisit une époque, un contexte socio-économique particulier, un changement progressif de mentalités : celle de la Grande Dépression. La crise économique et les dures lois du capitalismes vont changer tout un pays. 
Lors de ce voyage, la famille Joad - simple échantillon représentant toutes les familles qui ont migré à cette époque - va peu à peu se disloquer. Certains ne résistent pas à ce changement et en meurent, d'autres décident d'abandonner. L'argent, le travail, la propriété et la nourriture deviennent alors le centre des débats. Les désillusions et la prise de conscience de la crise se font croissants. Partants pourtant pleins d'espoir, alimentés par des rumeurs de terre promise, tous vont devoir affronter la dure réalité de l'injustice ; que ce soit les parents, les jeunes ou les enfants. Les machines valent plus que les hommes. Chacun perd peu à peu sa dignité, acceptant un statut d'esclave pour survivre. Mais à chaque déconvenue, l'être humain se persuade que l'herbe est forcément plus verte ailleurs. Seul le camp du Gouvernement fait office de petit paradis, un paradis bien traître les laissant finalement le ventre vide et habitué au confort. 
L'espoir se change en désillusion, la désillusion se change en colère, mais la colère se fait rattraper par la faim avant d'avoir pu créer un embryon de révolte. 

Je ne sais pas quoi dire de plus. Ce roman, c'est l'espoir et les désillusions mêlées à la terre sèche d'Oklahoma et aux vergers luxurieux de Californie. C'est la solidarité d'un peuple de metayers rejeté par sa propre terre, en quête d'un avenir, bringuebalant ses souvenirs sur les routes de l'Ouest.
A lire absolument, coup de cœur pour moi !

"Si vous qui possédez les choses dont les autres manquent, si vous pouviez comprendre cela, vous pourriez peut-être échapper à votre destin. Si vous pouviez séparer les causes des effets, si vous pouviez savoir que Paine, Marx, Jefferson, Lénine furent des effets, non des causes, vous pourriez survivre. Mais cela vous ne pouvez pas le savoir. Car le fait de posséder vous congèle pour toujours en "Je" et vous sépare toujours du "Nous".

♥♥♥♥♥

As-tu lu ce livre ? Qu'en as-tu pensé ? Quelle note lui mettrais-tu ?
                               Si tu ne l'a pas lu, cela t'en donne-t-il envie ?


jeudi 19 mai 2016

Les heures souterraines


Auteur : Delphine de Vigan
Année : 2009
Pages : 248

Résumé Mathilde et Thibault ne se connaissent pas. Ils ne sont que deux silhouettes parmi des millions. Deux silhouettes qui pourraient se rencontrer, se percuter, ou seulement se croiser. Un jour de mai. Autour d’eux, la ville se presse, se tend, jamais ne s’arrête. Autour d’eux s’agite un monde privé de douceur.






Mon avis : Delphine de Vigan a un don pour entraîner les gens, prendre les lecteurs par la main et ne plus les lâcher. La plume est juste, sensible, addictive : elle nous présente avec des mots d'une grande justesse ce que tout le monde voit et ressent en silence.

Et ce sont ces émotions, ces sentiments tus qui sont au coeur de ce roman. Les deux personnages sont des êtres solitaires, qui s'enfoncent dans une spirale de mal-être. La solitude les ronge à l'extrême, leur vécu les paralyse, le quotidien les brise. Ce sont des êtres qui errent dans une vie, une vie dans laquelle ils ne trouvent plus aucun sens. Ils n'ont plus d'envies. Tout ce heurte à un mur, de manière plus ou moins violente. Et cette accumulation de tristesse et de lassitude silencieuse, dont chacun en a forcément été l'objet un jour ou l'autre (mais peut-être pas à ce point là), rend le roman très lourd. Comme les personnages, à un moment donné, on n'a plus envie de continuer tellement tout est maussade, tellement le découragement est intense. Mais la justesse avec laquelle dépeint l'auteur ces situations finalement courantes, fait que l'on ne peut que continuer.
Autour de ces deux protagonistes, la violence du monde ne fait que s'accentuer, ne fait qu'oppresser toujours un plus le lecteur : le monde tyrannique et destructeur de l'entreprise, la loi de la jungle citadine (parisienne), le mal d'un amour à sens unique...

L'ensemble crée donc un roman particulièrement gris et réaliste, sans aucune lueur à l'horizon, juste mais peut-être un chouïa mélodramatique (bien que l'on sache pertinemment que beaucoup de gens souffrent en silence, c'est dur à lire, le monde est cruel). Mieux vaut ne pas être déjà déprimé avant de commencer cette lecture, sincèrement. 
Mais je pense relire cette auteur sous peu, j'ai beaucoup aimé son style et sa façon de voir les choses !


"Mais les gens désespérés ne se rencontrent pas. Ou peut-être au cinéma. Dans la vraie vie, ils se croisent, s’effleurent, se percutent. Et souvent se repoussent, comme les pôles identiques de deux aimants."


♥♥♥♥♥

As-tu lu ce livre ? Qu'en as-tu pensé ? Quelle note lui mettrais-tu ?
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lundi 16 mai 2016

Vente / Échange

Sur cet article, je propose des livres d'occasion à vendre ou éventuellement à échanger. Ce sont des livres en bon ou très bon état.
 N'hésitez pas à commenter si vous êtes intéressé(e)s par l'un d'eux ! 



Là où j'irai - Gayle Forman 
2010
Éditions Oh!
278 pages








Vous descendez ? - Nick Hornby
2005
Édition du Club France Loisirs (Piment)
404 pages








dimanche 15 mai 2016

Paris


Auteur : Julien Green, de l'Académie Française
Année : 1983
Pages : 123

Résumé : "J'ai bien des fois rêvé d'écrire sur Paris un livre qui fût comme une grande promenade sans but où l'on ne trouve rien de ce qu'on cherche, mais bien des choses qu'on ne cherchait pas. C'est même la seule façon dont je me sente capable d'aborder un sujet qui me décourage autant qu'il m'attire. La ville, en effet, ne sourit qu'à ceux qui l'approchent et flânent dans ses rues; à ceux-là, elle parle un langage rassurant et familier, mais l'âme de Paris ne se révèle que de loin et de haut, et c'est dans le silence du ciel que s'entend le grand cri pathétique d'orgueil et de foi qu'elle élève à travers les nuages".




Mon avis : Ce tout petit livre est conçu comme une promenade. On y découvre Paris, mais pas le simple Paris architectural : on rencontre l'âme de la Ville Lumière.
La plume de l'auteur est tout simplement superbe, poétique et nostalgique. Elle fait de cette balade un conte philosophique, une archive du Paris des années 40 et des années 80. On s'égare au fil des pensées de l'auteur, selon ce qu'il a sous les yeux : il peut évoquer un souvenir, ou une pensée, une réflexion sur l'évolution de la ville et sous quel jour elle apparaît le mieux. 
Il n'y a pas de personnages bien sûr, seulement l'auteur qui nous dévoile les secrets de la ville. Selon Julien Green, Paris ne se révèle vraiment qu'aux les flâneurs, pour ceux qui viennent s'y perdre. Paris est également beaucoup plus beau sous un ciel gris, et la nuit. L'âme de la ville, l'atmosphère particulière que l'on peut y rencontrer, les monuments et les personnages qui font d'elle ce qu'elle est, sont dépeints avec une justesse et une poésie saisissante. 
Bien entendu, il ne faut pas rechercher d'action. Il s'agit là d'un simple petit livre peignant le vrai Paris, celui des ruelles et des églises, loin de la Tour Eiffel. Une sorte d'essai sur la ville. 
Si vous aimez d'amour la Ville Lumière, si vous êtes un parisien né, si vous aimez Minuit à Paris de Woody Allen... Alors peut-être pourriez-vous vous laissez tenter par cette promenade parisienne bucolique.

"L'âme d'une grande cité ne se laisse pas si facilement saisir ; il faut, pour communiquer avec elle, s'être ennuyé, avoir quelque peu souffert dans les lieux où elle est circonscrite."

♥♥♥♥♥

As-tu lu ce livre ? Qu'en as-tu pensé ? Quelle note lui mettrais-tu ?
                    Si tu ne l'a pas lu, cela t'en donne-t-il envie ?